Les élections israéliennes du 17 septembre 2019 vont-elles sonner la fin de l’ère Netanyahou ? Dans l’atmosphère crépusculaire de la vie poli- tique israélienne, sur fond de manœuvres d’appa- reil, il est difficile de le savoir. La question n’est pas secondaire, même si les déclarations de son rival Benny Gantz ne laissent aucune place aux droits du peuple palestinien. Chargé au moins formelle- ment de constituer la prochaine coalition, toujours Premier ministre tant qu’un autre gouvernement n’a pas été constitué, Benyamin Netanyahou est prêt à tout pour éviter d’être condamné pour cor- ruption. Prêt à tout, y compris à déclencher une guerre contre Gaza comme il aurait bien pu le faire dans la semaine qui a précédé l’élection, s’il n’en avait pas été finalement empêché.
La confusion règne aussi sur les risques de guerre des États-Unis contre l’Iran, tant les signaux sont contradictoires comme c’est sou- vent le cas sous l’ère Trump. Une seule certitude, Netanyahou aura tout fait pour pousser Trump à se retirer de l’accord nucléaire iranien, menaçant l’Iran d’étouffement et précipitant la région au bord de la guerre.
Pendant ce temps, ce sont les Palestiniens qui payent la facture, à l’image des prisonniers tor- turés ou privés de soin, de Gaza étranglée et de ses jeunes manifestants tués et blessés tous les vendredis par les tirs des snipers israéliens, des expulsions et démolitions de maisons en Cisjordanie et à Jérusalem, des arrestations mas- sives dans des villages palestiniens et jusque dans la zone A, et du sort des habitants des camps de réfugiés palestiniens, notamment au Liban, privés de tout par la crise financière de l’Unrwa. Encouragé par l’impunité dont il a tou- jours bénéficié de la part de la « communauté internationale », Israël se sent tout permis, et pré- pare ses plans d’annexion de larges parts de la zone C et d’enfermement toujours accru du peuple palestinien.
Les Palestiniens sont déterminés et ne se lais- seront pas faire, mais ils ont un besoin absolu de soutien international. Nous devons nous mobili- ser sans faille pour la reconnaissance de leurs droits, la fin de l’occupation et du blocus de Gaza, la protection internationale du peuple palesti- nien, la reconnaissance de la Palestine et le refus de l’apartheid. Nous nous mobilisons en tant que citoyens, et interpellons le gouvernement dans le même sens.
Cette volonté du gouvernement israélien d’écraser les Palestiniens s’accompagne d’un renforcement de l’offensive d’Israël contre notre capacité à nous exprimer, nous faire entendre, agir. C’est une véritable machine de guerre qui se déchaîne contre nous. Le coordinateur de cette machine de guerre, Gilad Erdan, a été reçu au Parlement européen pour présenter un rapport ignoble contre la campagne BDS. Et le lobby israélien en France, par la voix du député Sylvain Maillard, veut imposer une résolution de l’Assem- blée nationale pour assimiler l’antisionisme à l’antisémitisme et faire adopter la « définition IHRA de l’antisémitisme » par l’Assemblée natio- nale. Nous devons y faire échec, et continuer la formidable mobilisation qui a été la nôtre en juin. C’est une bataille que nous devons et pouvons gagner, en nous appuyant sur le malaise crois- sant que cette affaire suscite jusque dans les rangs de la majorité.
Les Palestiniens ont un besoin absolu de soutien international. Nous devons le leur apporter avec toujours la même énergie, mais aussi mener le combat dans notre propre pays pour préserver notre liberté de parole et d’action. Ce sont les deux faces d’un même combat, pour le droit, la justice, la liberté, contre le suprémacisme et la loi du plus fort. Elles sont inséparables.
Bertrand Heilbronn, 30 septembre 2019